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LES AVENTURIERS DE LA MER


ter ; on embarque avec le soleil, on arrive avec la tempête, brisé sur un écueil.

Mais la science nautique est en ce siècle en progrès comme toutes les sciences. La mer sera de moins en moins « perfide ». On a cru, on croit peut-être encore sur les bords de la Baltique qu’il y a des sorciers, qui, par la force de leurs enchantements, attirent l’ouragan, soulèvent les flots et font chavirer barques de pêcheurs et grands navires. Nous n’en sommes plus là, depuis longtemps, nous autres. Bien mieux, les marins savent, aujourd’hui, que le vent des rafales ne naît pas de lui-même, ou par un conflit de brises légères et agitées à l’extrême. Les plus horribles perturbations, quelque douloureuses qu’en puissent être leurs conséquences pour ceux qui naviguent, ne sont autre chose que l’accomplissement régulier des décrets qui régissent les mondes dans une admirable harmonie.

La mer si féconde, si changeante, si terrible et si douce, nourrice qui berce et furie qui déchire, devait avoir et a eu ses fervents et ses détracteurs, mais surtout ses admirateurs passionnés, ses poètes, ses historiens, ses naturalistes, ses peintres ; elle a donné la gloire aux Colomb, aux Magellan, aux Jacques Cartier, aux Cook et aux Dumont d’Urville, elle a enfanté des héros tels que Duquesne, Tromp, Ruyter, Jean Bart, Duguay-Trouin, Nelson, l’amiral Courbet.

Saluons-la donc aux premières pages de ce livre qui lui est consacré, et associons-nous à l’enthousiasme du poète italien Amicis, lorsqu’il s’écrie avec une si large inspiration :

« Salut, ô grande mer ! Comme un avril éternel ton sourire m’invite toujours à chanter, — et fait dans mon corps auquel il rend la vigueur, — bouillir les flots de mon sang juvénile.

« Salut, mer adorée ! épouvante du lâche, joie du brave, santé du malade, — mystère immense, jeunesse infinie, — beauté formidable et charmante.

« Je t’aime lorsque tes colères se brisent sur le rivage, — à la lueur funèbre des éclairs, — j’aime tes flots énormes et leurs mugissements. Mais plus encore j’aime ton murmure — lent et solennel qui berce le cœur, — ô cimetière d’azur sans limites ! »

Résumons-nous.

Il y a la vie, il y a les drames de la mer. La vie, c’est son action sans cesse présente et renouvelée ; c’est le monde d’êtres qu’elle nourrit. Quant au drame, il se meut sur une vaste scène, ayant pour décors la tempête,