Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la ville. Cette fois, du moins, il put parler à son aise, sans que le doyen Masselin songeât à l’interrompre. A la fin, Charles VIII s’était décidé à signer des lettres patentes donnant permission d’élire. La députation les remit au chapitre, qui les reçut en grand respect, quoique bien résolu dès long-temps à passer outre sans elles.

La réponse du doyen Masselin aux députés fut pleine de mansuétude ; et, quoiqu’il n’eût rien dit encore qui pût lier le chapitre, ils osèrent, à cette fois, espérer le succès de tant de soins et de démarches.

Cependant, tout se dispose à Rouen pour l’élection d’un archevêque. Des prédications éloquentes ont été faites dans toutes les églises de la ville par l’évêque de Philadelphie, à l’occasion de l’acte auguste qui se prépare. Des processions solennelles ont eu lieu au dehors, où la fierte révérée de saint Romain parut, toute resplendissante de pierres précieuses et d’anneaux d’or, dons pieux des grands criminels repentants qui lui durent naguère la vie et la liberté. La fierte de saint Romain ! à elle seule ne vaut-elle pas tous les discours ? ne dit-elle pas assez haut quelles vertus devra réunir le prélat réservé à l’honneur insigne de s’asseoir dans la chaire épiscopale qu’honora naguère un si grand, un si saint pontife ? À l’aspect de ces solennités, la ville de Rouen s’est émue ; dans cette vieille cité chré-