Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/125

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« Un citoyen de Lucques, nommé Zambelli, était allé fonder une maison de commerce en Angleterre, où ses affaires avaient prospéré. À cinquante ans, sa fortune étant faite, il sentit le besoin de retourner à Lucques finir ses jours auprès d’un frère qu’il chérissait. Il l’écrivit à sa famille, que cette nouvelle combla de joie. Bientôt une seconde lettre, datée de Rouen, où il était venu à son arrivée d’Angleterre, annonça qu’il serait à Lucques dans deux mois environ. Il lui fallait ce temps pour terminer ses affaires à Paris, et pour faire le voyage. À Lucques, on s’empressa de lui retenir une maison ; de jour en jour il était attendu ; mais deux mois, quatre mois, six mois s’écoulèrent ; Zambelli n’avait point paru, et même, chose étrange, aucune nouvelle lettre de lui n’était parvenue à Lucques. L’inquiétude de la famille était extrême. Cornélio, son frère, se rendit à Paris, où il fit des recherches inouïes. Il alla dans toutes les maisons avec lesquelles Zambelli devait être en rapport à raison de la nature de son commerce. Dans ces maisons, on avait vu, du moins on avait cru voir Zambelli. Un individu était venu, sous ce nom, toucher le montant d’obligations dont la somme totale était considérable ; les marchands montraient la signature Zambelli, apposée au bas des quittances. « Toutes ces signatures sont fausses, s’écria Cornélio indigné ; dépeignez-