Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/183

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provinces étrangères les unes aux autres par les lois et les mœurs ; ces provinces en une multitude de communes, ayant la plupart leurs usages propres, leurs prétentions opposées, leurs privilèges ; et que, dans le même village, existaient parfois des paroisses ennemies, des confréries rivales, souvent aux prises entre elles ? De tout cela, je vous le jure, il y aurait de beaux livres à faire.

Viendra-t-on me dire qu’elle serait bien frivole, cette histoire de petits débats ? Eh ! mon Dieu, la mission de l’histoire étant, après tout, de peindre les hommes, qu’il s’agisse d’un empire ou d’un village, de la belle Hélène ou du seau enlevé, de la ville de Troie ou du lutrin de la sainte chapelle, ne serait-ce pas toujours le cœur humain qui, dans ces récits, se révélerait à nos yeux ! Dégagés du faste des grands noms et des grands mots, tant de mouvements pour de si minces sujets, ne nous en montreraient que plus à nu les hommes et les petites passions qui sont le fond de leur être ; et puis, dans ces guerres, on verrait bien les combattants échanger, çà et là, des injures et des horions ; aucuns même recevraient parfois des plaies et des bosses ; mais rarement il y aurait mort d’homme : et, ma foi ! c’est bien quelque chose.

Si j’apprenais jamais que quelqu’un entreprît ce livre, je lui demanderais une place d’honneur pour la