Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/207

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et dispos, comme si vous sortiez de votre chambre. Mais, interrogez les anciens de notre ville : ils vous le diront, et grande, je crois, sera votre surprise ! Nos pères, en vérité, n’allaient pas si vite que nous ; il s’en fallait de quelque chose. Lorsque, un beau soir de l’année 1617, Bassompierre, descendant de voiture à Rouen, dit qu’il était parti de Paris le jour même, à trois heures du matin, vous eussiez entendu un beau bruit dans l’hôtel de l’Épée-Royale. « A d’autres ! s’écria-t-on de toutes parts ; à d’autres, Monseigneur ! Allez faire ce conte à vos suisses et à vos grisons ; mais, nous, croire cela, nous qui connaissons si bien la route ! Sauf votre respect, c’est une chose impossible ; et puis, aujourd’hui 22 décembre, nous célébrons la fête de saint Thomas l’apôtre, qui, comme vous le savez, ne croyait les choses qu’à bonnes enseignes. » Bassompierre eut beau jurer tous ses dieux ; il y fit comme le coq sur les œufs : il ne se trouva pas là, par fortune, une seule âme charitable qui voulût en croire ses serments.

C’est qu’aussi, il faut bien en convenir, depuis la fondation de la ville de Rouen, pareille chose n’avait été ni vue, ni ouïe, ni même imaginée comme possible, et que, comme vous allez l’entendre tout à l’heure, le Carrosse de Rouen avait une toute autre allure.