Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hâtifs étaient alors fort rares au marché) ; c’était là, assurément, une armée formidable, faite pour inspirer au loin un effroi salutaire. Ce fut aux bourgeois de Rouen à prendre patience et à demander au ciel l’esprit de force et de résignation. Donc, par les rues de Rouen, ce n’étaient plus, chaque soir, que sonnettes agitées, marteaux ébranlés, lumières éteintes, puis un sauve qui peut général à grandes enjambées, et des tapageurs point de nouvelles ; car le moyen de les atteindre ? Dans la cour du Palais, surtout, et dans les régions circonvoisines, les infortunés habitants, sans cesse en alarmes et sur le qui-vive, ne connaissaient plus la paix que de nom, et pour en avoir entendu parler jadis à leurs grand’mères. Mais, plus qu’eux tous, le concierge-buvetier du Parlement en était aux abois : c’était Chouquet ; les anciens de Rouen l’ont connu ; important, bavard comme tous ces heureux serviteurs de grandes maisons, qui ont l’air d’avoir cent maîtres, et au fond n’en ont pas un ; se regardant comme du corps du Parlement, et non pas des moindres assurément ; jugeant, tranchant, disant sans cesse : « Nous avons décidé ceci et cela ; rendu tel arrêt de règlement ; mis en veniat le lieutenant-général du Bailliage de tel endroit ; enregistré tel édit, modifié tel autre ; je crois bien que nous refuserons le dernier, mais chut, et bon bec, ou je ne vous