Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/24

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qui nous sont chères, livre qu’il conservait comme une relique et sur une page duquel il avait inscrit, en souvenir du donateur, cette citation qu’il avait empruntée à D’Olivet, dans son éloge de Daniel Huet : « On doute, lorsqu’il s’agit de grands hommes, si c’est amour-propre ou reconnaissance qui fait que nous parlons de leur amitié, et souvent, de peur d’être soupçonnés d’une faiblesse, nous manquons à un devoir de reconnaissance. »

C’est à la louange de Mgr de Quélen et de M. Floquet que nous nous permettrons de rapporter la lettre suivante, écrite à la date du 18 octobre 1830 :

« Ne me plaignez pas, mon cher ami, félicitez-moi plutôt d’avoir été trouvé digne de souffrir quelque chose pour le nom de Jésus-Christ, car je ne pense pas que ce soit contre moi que ces violences aient été dirigées. Non potest mundus odisse vos : me autem odit. Ayant peu de temps pour vous écrire, je ne puis que vous exprimer à la hâte ma reconnaissance pour l’intérêt que vous me témoignez. J’ai été bien occupé de vous, et j’ai fait des vœux pour que ce bouleversement ne vous atteigne pas, non plus que votre existence. Je suis plus près de vous que vous ne le pensez, à huit heures seulement de distance de Rouen, mais je n’oserais vous offrir ni vous dire de venir ici. Je dois des ménagements à mes hôtes dans la vallée d’Eure. Je pense quelquefois à mes quartiers d’hiver. Si je ne puis rentrer dans mon diocèse, alors je profiterai de vos offres amicales. Vous pourrez vous servir, pour m’écrire, de la voie dont vous avez usé dans votre dernière lettre.

« Croyez, mon cher ami, que le souvenir de votre dévoûment et de votre affection est une des consolations que Dieu m’a envoyées, et dont je le remercie avec attendrissement. Avoir des amis, c’est beaucoup. Mais en