Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/265

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noir, on eut beau l’appeler, le silence seul répondit : il était mort !

C’est avoir arrêté nos regards sur de tristes objets, mais mon sujet m’y contraignait ; le droit de grâce octroyé aux archevêques de Rouen, dans ces temps éloignés, et circonscrit dans les prisons de leur officialité, ne peut être bien apprécié, ce semble, qu’autant que l’on voit, comme nous venons de le faire, à quelles peines, plus cruelles que la mort, ces prélats pouvaient, au jour de leur prise de possession, arracher des malheureux enterrés vivants ; leur faire grâce, c’était, en vérité, plus que délivrer des prisonniers, c’était ressusciter des morts ; certes, pour ces infortunés, la prise de possession d’un archevêque était bien véritablement une joyeuse entrée : « jocundus adventus. » A son approche, une vive lueur, perçant ces voûtes épaisses, allait réveiller et réjouir ces malheureux ensevelis dans l’ombre ; et, si dures que fussent ces prisons, toujours n’était-il pas donné au juge le plus implacable d’en sceller irrévocablement les portes et d’en interdire l’entrée à l’espérance.

Sans doute, rien ne fut plus ordinaire que le crime au moyen-âge ; pour peu qu’on écarte le voile qui nous cache ces temps reculés, on ne voit que meurtres sur les chemins, dans les villes, dans les châteaux des barons, dans les demeures royales, et jusque sur les