Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/271

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exemple alors) qu’un procès allait, ce jour-là, se débattre devant toutes les chambres du Parlement, qui, d’ordinaire, ne s’assemblaient que pour les affaires de discipline intérieure ou de grande police, et pour accepter ou rejeter les édits de nos rois.

C’est qu’au lieu qu’il ne s’agissait, la plupart du temps, aux audiences de cette cour souveraine, que d’éclaircir des faits obscurs, et de déterminer l’a disposition législative qui devait les régir, la loi, à cette fois, la loi elle-même était en cause, loi claire, s’il en fut jamais, loi précise, écrite, que dis-je ? reproduite plusieurs fois en divers titres du même code. Le grand Coutumier de Normandie, en un mot, allait être attaqué en ce chef, où, non content d’adjuger au fisc tous les biens d’un criminel exécuté à mort, il voulait encore que les enfants du condamné fussent privés des héritages qu’eût recueillis leur père, vivant, et ne pussent même (ce père étant mort), succéder à leur aïeul venant à mourir après lui. Dure et inhumaine coutume, apportée en Neustrie par les Normands, il y avait plus de six siècles, et que le bailliage de Rouen venait d’appliquer tout récemment encore dans un procès qui faisait bruit dans la province.

C’était au sujet d’un bourgeois de Rouen, Guillaume Laurent, qui, condamné pour meurtre, à la Tournelle, avait eu le poing coupé devant le grand