Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/294

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Mais qu’eût-ce été encore ? Aux filles, aux femmes échéaient, en ce temps-là, les pairies ; et alors, convoquées comme pairs de France et répondant vitement à l’appel, combien de fois le Parlement de Paris les vit assises sur les fleurs de lys, écoutant, opinant, jugeant, réglant souverainement toutes choses, comme pairs du royaume ! Appelées par lettres closes du roi pour venir à la grand’chambre dorée, juger, tantôt le comte de Clermont, tantôt le duc de Bretagne ou le roi de Navarre, et combien d’autres encore ? croyez que la duchesse d’Orléans, la comtesse d’Artois et celle de Flandres ne faisaient point de façons. Les Olim me seront garants qu’elles y arrivèrent toujours des premières, et il ne se trouve pas qu’aucune y ait manqué jamais. Comment cependant furent dessaisis des juges qui avaient ainsi le cœur à l’ouvrage ? Pourquoi, sous quel prétexte, en quel temps prirent fin ces bonnes et équitables coutumes du beau pays de France ? Je ne saurais trop vous le dire. Les dames, quoi qu’il en soit, remarquant dans la suite que c’était un point réglé entre les hommes de les tenir désormais en dehors de toutes choses, et qu’elles n’étaient plus de rien nulle part, n’ont jamais pu prendre en gré cette exclusion discourtoise, soit qu’elles connussent ce qu’avaient fait jadis leurs devancières en des temps meilleurs ; soit que, se sentant pourvues de jugement