Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/300

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sait M. de Frainville), que l’affaire d’un jour, Mme de Villars devant infailliblement se rendre au premier avis qu’il lui ferait donner de sa venue et des droits antiques de la première cour souveraine de la province. Mais, en cela, vraiment, il était bien loin de son compte ; et quand on alla, de sa part, complimenter la duchesse, et lui fit parler des prérogatives du Parlement, il la fit beau voir se récrier, s’indigner, se plaindre des procédés peu courtois du premier président, invoquer les précédents, dire qu’à elle seule, au cas présent, il appartenait de commander aux armes ; qu’ainsi l’avaient dû faire en leur temps la duchesse de Longueville et la maréchale de Fervaques ; qu’assurément elle ne valait pas moins que ces dames ; alléguer sur cela mille autres raisons qu’on n’aurait jamais fini de redire ; et, pour conclure, donner chaque jour ponctuellement le mot d’ordre sans y manquer jamais. Pensez que M. de Frainville, de sa part, n’oubliait pas non plus de donner le sien ; c’était aux compagnies armées à les retenir l’un et l’autre de leur mieux ; et la ville, au fond, par suite de ce démêlé, n’avait jamais été si bien gardée ; car l’ennemi, par impossible, parvînt-il à surprendre un des deux mots du guet, il y avait peu de chances pour qu’il pût aussi connaître l’autre, pour qu’il s’en souvînt bien, les sût exactement redire tous deux et les redire en leur ordre ;