Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/306

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l’ordre ; et cédant, à la fin, de bonne grâce aux pressantes instances du gentilhomme de M. de Frainville, on l’avait entendue déclarer hautement « qu’elle était la très humble servante de M. le premier président et tenait à courtoisie l’honneur qu’il voulait bien lui faire. »

C’était, à la vérité, de la part de M. de Frainville, s’être montré bien courtois, même un peu plus que ne le portait l’ordonnance. Au surplus, dès le lendemain matin il en était déjà à battre sa coulpe, en lisant et relisant ses dépêches. Une lettre close du roi Louis XIII venait de lui arriver, la plus explicite que l’on pût voir et reconnaissant formellement au premier président le droit de commander seul les armes dans la ville, « à l’exclusion (disait le monarque) de nostre cousine la duchesse de Villars. » Certes il ne pouvait rien désirer de plus clair, et à ce coup, M. de Frainville gagnait pleinement sa cause. Mais il était bien temps en vérité, après avoir capitulé comme une place aux abois, après qu’au conspect de toute la ville, une femme avait commandé, quarante ou cinquante jours, malgré lui et avec lui, puis toute seule deux grands jours, de son aveu, à son instante prière, et avait librement et magnanimement déclaré ensuite qu’il ne lui convenait plus de commander désormais ! Mais qu’était-ce encore ? Les dépêches lues, voilà sur-