Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/326

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cet étroit réduit n’aurait pu désormais suffire à tant de plantes, à tant d’arbres et d’arbustes, apportés chaque jour, à grands frais, de loin ; et, alors, le Conseil de ville donna, spontanément, à l’Académie un plus vaste emplacement auprès du Cours Dauphin ; sacrifiant avec joie les revenus qu’on en avait tirés jusqu’à ce jour. Bienfait signalé, dont nos pères voulurent perpétuer le souvenir par un usage singulier et touchant, qu’attestent les vieux mémoriaux de nos Archives. Chaque année, à un jour fixé, dans la grande salle de l’Hôtel-de-Ville, le maire, les échevins et MM. du Conseil des vingt-quatre étant tous là en séance, on annonçait une députation de l’Académie, introduite aussitôt avec honneur. Alors, était apporté en cérémonie, et déposé sur le bureau, un vase somptueux, rempli de fleurs belles et rares, du milieu desquelles s’élançait un ananas, le plus mûr, le plus beau qu’on pût voir. C’étaient d’exquises productions du nouveau jardin de l’Académie, offertes par elle en tribut aux bienveillants magistrats de la cité. L’Académie remerciait la ville de ses bontés ; la ville promettait de les lui continuer toujours.

Que, toutefois, cette généreuse concession de terrain, cette redevance de fleurs, ces cérémonies, ces compliments, tout ce bruit pour des vers, pour de la prose, eussent été pris en gré à la Bourse découverte, je vous