Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toi que tu es mortel ; où, aussi des étoupes, brûlées sous les yeux du héros, s’y évaporaient aussitôt en fumée, tandis qu’un autre fâcheux lui criait encore : Ainsi passe la gloire du monde. Mais à Rome, du moins, ces durs mots, ces étoupes légères, cette ironique fumée, étaient partie obligée et prévue du cérémonial ; le héros de la fête avait été prévenu à l’avance, et un homme averti en vaut deux. De venir, au contraire, ainsi à l’improviste secouer brutalement un triomphateur sur son char et le précipiter du ciel à terre, le moyen pour celui-ci de prendre en bonne part une morale si intempestive et de n’en vouloir pas mortellement à ce rabroueur importun ?

Ce n’était pas, au demeurant, que ce coup si imprévu n’eût frappé droit à la conscience du lauréat désappointé, et je ne sais quoi, dans son cœur, lui criait maintenant plus haut que l’archidiacre : « Plus de vers, Gervais Delarue, sois antiquaire. » — De pardonner, toutefois, de sitôt, à ce maître archidiacre de l’avoir ainsi, brutalement et oyant tous, réveillé en sursaut et troublé un si beau rêve, Gervais Delarue ne l’aurait pu prendre sur lui, rancunier qu’il était autant qu’homme de Normandie, et une susceptibilité vive, un irritable amour-propre étant, de tous les attributs du poète, le seul qui lui fût demeuré, et qu’il ne dût jamais perdre tout-à-fait, si longtemps qu’il pût avoir