Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien baisée tous, et Gervais Delarue avec elle, sans que le temps leur manquait ; car, enfin, l’archidiacre arrivait, en ce moment même, au portail, et il n’y avait plus un instant à perdre. Obitiers, vicaires, curé, l’y eurent bientôt rejoint ; or, le curé, si peu de répit qu’il eût eu, avait toutefois bien su trouver le temps de passer vitement à son cou une magnifique étole pastorale à lui donnée, depuis peu, par la duchesse de Franquetot de Coigny, l’épouse du gouverneur, étole riche au possible, où l’or se relevait en bosse, qui éblouissait comme un soleil, et jetait des éclairs. De vous dire, cependant, la stupéfaction, le courroux de l’archidiacre à la vue de cette malencontreuse étole, je ne saurais, en vérité, non plus que ses signes énergiques, impérieux et brusques au curé pour qu’il eût à mettre bas, sur l’heure, cette marque de juridiction, que lui seul archidiacre devait porter, disait-il, en un tel jour ; n’était-ce pas, d’ailleurs, chose décidée et convenue sans retour ? Mais la fatale pièce trouvée tout à l’heure (la charte du cardinal de Trivulce), exhibée à propos, bien vue, bien lue de mot à mot, mûrement et circonspectement considérée, il ne restait plus à messire l’archidiacre que de s’avancer sans mot dire vers le chœur comme si de rien n’eût été, ce qu’il fit sur l’heure, prenant sa résolution bravement, en homme d’esprit, tandis que prêtres et paroissiens chantaient à pleine