Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/367

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que ce pût être, y allât-il pour lui d’une principauté.

À bien des années de là, un beau et vert vieillard de petite taille, mais trapu et vigoureux encore, au teint vermeil et frais, aux cheveux blancs comme neige et fins comme lin, aux yeux bleus, vifs, malins et perçants, était assis à la Bibliothèque royale, dans une des salles dorées des manuscrits, occupé à déchiffrer, la loupe en main, un très ancien manuscrit du roman de Lancelot du Lac, rempli de curieuses miniatures. Il en regarda longtemps une qui représentait ce preux chevalier dans la charrette du nain courant, bien empêché, après la reine Génèvre, sa maîtresse. C’était le sujet d’un des bas-reliefs du fameux pilier de Saint-Pierre. Ces contes naïfs ravivant en lui de bien vieux souvenirs, il se mit à rire, et prenant à partie un élève de l’École royale des chartes, assis près de lui et fort avide de l’entendre, je vous jure, il se mit à lui raconter quelques traits de sa piquante et laborieuse vie. De Caen, où il avait étudié, il était parti vers 1792 pour Londres, d’où, revenu plus tard rempli de savoir, il avait osé, avec succès, écrire après Huet les origines de sa ville natale, puis l’histoire des Bardes Armoricains et enfin celle des Trouvères de Normandie, qui allait bientôt paraître. Maintenant chanoine de Notre-Dame de Bayeux, professeur d’histoire, digne membre de l’Institut de France, Gervais Delarue rappelait gai-