Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/43

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ges ! » — « Et les officiers des aides, les agents du fisc, ces traitants, insatiables sangsues ; les juifs, ces juifs infâmes surtout, à qui un régent avare et sacrilège permet d’habiter la France, malgré les édits, parce qu’ils le gorgent d’or ; ces usuriers, enfin, qui, s’ils ne sont pas juifs, sont bien dignes de l’être, Sire, ne veux-tu pas que justice en soit faite ? » — « Faites, faites justice », balbutia le monarque tremblant. Cent bourreaux partirent, les bras nus, la hache à la main ; quelques instants après, il n’y avait plus, dans Rouen, de receveurs, d’agents du fisc, de juifs, d’usuriers ni de traitants, et la Seine coulait sanglante sous le vieux pont de Mathilde.

— « Nous n’avons plus de maire, de pairs ni de prud’hommes, et Dieu en soit loué ! reprit le peuple, parlant toujours au roi son esclave. Mais ces maires prévaricateurs, qui, durant l’année et jour de leur pouvoir, se sont montrés si durs, et n’ont eu ni cœur ni entrailles pour les pauvres souffrants, est-ce que justice n’en sera jamais faite ? » — « Faites, faites justice, » dit le roi d’un jour. Alors, dans la rue du Grand-Pont, dans la rue Damiette, dans la rue aux Gantiers, des maisons furent assaillies, pillées, démolies, rasées au niveau du sol. C’étaient les demeures d’Eudes Clément, maire en 1371 ; de Guillaume Alorge, maire en 1376 ; de Jehan Trefflier, maire