Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/45

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ans) par Clotilde et Clotaire Ier. Le peuple vainqueur revint bientôt dans l’aître, traînant tous les religieux de Saint-Ouen, pâles, éperdus, muets de terreur, et, à leur tête, Guillaume Le Mercher, leur abbé, qui, déjà mourant, ne devait pas survivre trois jours à cette horrible scène. Alors, dans cette foule de forcenés, vous eussiez entendu des imprécations, des hurlements et des menaces qui glaçaient d’effroi. — « Moines, plus de baronnie, plus de hautes-justices, plus de baillis, plus de verdiers, plus de gibets à Bihorel, ou bien vous allez tous mourir. Le Parlement de Paris vous a donné raison contre nous, parce que vous étiez riches et puissants, et que nous étions, nous, faibles et pauvres ; mais, à cette fois, c’est nous qui rendons la justice : or sus, renoncez aux dépens énormes dont on nous a grevés envers vous ; sinon, voilà le tranche-tête qui va faire son devoir. »

L’abbé mourant se hâta de signer tout ce que le peuple voulut, car il était pressé ; on l’avait interrompu dans son agonie, il fallait qu’il s’en allât achever de mourir.

Mais d’où viennent ces bourgeois, ces ouvriers, partis en grand nombre tout à l’heure, avec des armes, sur un ordre secret qui semblait cacher quelque mystère ? Et que portent-ils donc de si saint,