Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/51

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reux auraient été bien empêchés de le découvrir, ce monarque éphémère ; car, dès la nuit qui suivit son lit de justice, jetant au loin le manteau royal, le sceptre et la couronne, il s’était enfui de la ville et oncques depuis on n’en avait eu de nouvelles. Enfin, le samedi-saint, dès l’aurore, on apprit que Charles VI et les quatre princes ses oncles, partis de Pont-de-l’Arche pour Rouen, allaient arriver à Rouen. Impatienté des lenteurs des trois commissaires, le régent voulait qu’on en finît une bonne fois avec ces gens-là, qui, dans leurs imprécations séditieuses, lui avaient reproché amèrement le vol du trésor du Palais et du trésor de Melun.

Aux premiers bruits de cette nouvelle, vous eussiez vu toute la population de Rouen plongée dans un abattement difficile à décrire. C’en était donc fait de leurs époux, de leurs fils, de leurs pères, de leurs amis, reclus, chargés de fers, dans les tours du château et dans les geôles ! Combien aussi de rebelles, épargnés jusqu’à ce jour et libres encore, n’avaient plus en perspective que la prison et l’échafaud ! Cependant, on démolissait, en hâte et à grand bruit, les murailles de la porte Martainville, par où le roi devait arriver ; car le monarque outragé avait fait dire qu’il n’entrerait que par la brèche, et à armes découvertes, dans une ville qui lui avait déclaré la guerre.