Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/79

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qu’ils lui parlaient et le touchaient même, on aurait dit qu’il se réveillait en sursaut. De plus, à tout propos, il était chez la voisine ; c’était le feu, la lumière, puis ceci, puis cela ; que n’était-ce pas ? Ils ajoutaient qu’au milieu de tous ces soins empressés, la douce Alice n’avait point l’air trop courroucé, et semblait prendre le tout en patience. Quoi qu’il en soit, notre jeune homme dit, ce jour-là, de bien belles choses pour l’autorité paternelle, pour les libertés normandes ; et chacun d’applaudir, de murmurer à l’envi. — Ces Normands d’alors étaient des gens peu endurants et difficiles à vivre. Fussiez-vous duc, roi, dauphin, régent, évêque ou pape, si vous leur demandiez quelque chose de nouveau, vite ils consultaient la Charte normande ; si elle était pour vous, à la bonne heure ; sans quoi je vous baise les mains, et pas de nouvelles.

Pour un Louis XI, avec de pareils gens, il n’y avait pas d’eau à boire. Qu’il faisait bien meilleur être duc de Bourgogne ! c’étaient ceux-là qui avaient le champ libre et les coudées franches dans leurs états ! Combien ils auraient été surpris, ces bons princes, de voir les Rouennais se mettre martel en tête parce que le roi voulait marier une jeune fille de leur cité ! La grande merveille, vraiment ! Chez eux, chaque jour, on ne voyait pas autre chose. Là, point de fille, point de