Page:Amiel - Charles le Téméraire, 1876.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


L’épouvante panique a pris ce monde aux crins,
Et par tous les sillons, les fossés, les chemins
— Comme le fœhn aux champs disperse une fumée —
Éparpille en lambeaux ta redoutable armée.
Grandson voit de ses tours, à travers monts et vaux,
Trente mille coureurs précipiter leur fuite…
Nous autres, nous n’avions que soixante chevaux,
        Il fallut cesser la poursuite.


Et lui, l’homme intrépide et l’âme sans repos,
Le Hardi, le Terrible, il a montré le dos.
Avec le berger suisse il en voulut découdre :
Les pâtres ont barré son écu, dans la poudre
Traîné ses étendards, souffleté ses lions !
        Il pouvait éviter la chose.
Saura-t-il rafraîchir, dans ses réflexions,
        Son cœur qui veut trop et tout ose ?