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Les Agapes de Berne.

Argovie et Zurich manquent encore. À temps
Viendront-ils ? — Messeigneurs qui dans l’Hôtel-de-Ville
Jour et nuit, sans repos travaillent haletants,
De courriers à cheval qui partent à la file
Couvrent tous les chemins. En leurs rudes sourcils
L’énergie indomptable est mêlée aux soucis.
Leur œuvre politique enfin touche à son terme ;
Oui, mais qu’amèneront les dés ? Leur âme ferme
Pour forcer la victoire et fixer le destin,
S’acharne à son labeur, du matin au matin.
— Sur la massive Tour Saint-Christophe s’allument,
Dans la nuit qui déjà monte, les trois fanaux
Aux campagnes jetant l’éclair de leurs signaux ;
Et du beffroi, parmi les résines qui fument,
Sur les places, les cours, les toits de la cité,
Lugubre, le tocsin fait tomber de son crible,
De minute en minute un glas lent et terrible.
Dans le danger public, sonne l’éternité.


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