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frappant. Mais au fond elle est vraie, et je crois que Tarquin fut un tyran.

Son surnom et sa chute en sont la preuve. Ce surnom était pris en mauvaise part[1] : il ne put être donné au moins tout haut à Tarquin qu’après son bannissement[2].

Servius avait régné par un vote du sénat, sans consulter le corps des patriciens[3]. Tarquin ne consulta ni le sénat ni les patriciens[4]. C’était encore plus que Servius manquer d’égards envers les Sabins[5], qui formaient la meilleure partie du patriciat. Mais Servius Tullius s’était appuyé sur les Latins et les plébéiens, ce que ne fit point Tarquin, et celui-ci finit par avoir tout le monde contre lui.

L’impie Tarquin laissa le corps de son beau-père, égorgé par son ordre, sans sépulture. Tout son règne, commencé par un crime et qu’aucun droit ne consacrait, fut marqué par la ruse et par la violence.

Il mit sa volonté à la place de la loi. Il abrogea la

  1. L’expression superbe n’en rend qu’imparfaitement la portée. Selon Nonius Marcellus (p. 531), superbus équivalait à asper, truculentus; suivant Lydus (De Mens. Febr., IV, 3), à cruel.
  2. Jusque-là, il n’eut que deux noms, son prénom, Lucius (le Lucumon), et son nom de gens (Tarquinius), comme tous les rois sabins et étrusques de Rome, excepté le premier Tarquin, qui eut trois noms.
  3. Primus injussu populi, voluntate patrum regnavit. (Tit. Liv., I, 44.)
  4. Ut qui neque populi jussu, neque auctoribus patribus regnaret. (Tit Liv., I, 49.)
  5. Le premier Tarquin avait adopté le surnom de Priscus (vieux Sabin), pour être agréable aux Sabins ; le second ne fit rien de pareil.