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poque ou les tribuns les faisaient sortir du Forum. Pour avoir une vue vive et vraie des luttes entre les plébéiens et les patriciens que je vais raconter, il faut toujours conserver devant ses yeux le Comitium et le Forum, tels qu’ils étaient. Le Comitium, plus élevé ; au-dessous de lui, le Forum, plus grand, entouré de boutiques, non consacré par les auspices. Dans le premier, les patriciens sont gravement assis ; dans le second, les plébéiens sont debout. Le premier est calme comme un tribunal, le second est agité comme une multitude.

Parmi cette multitude, nulle distinction de race, de fortune ou d’âge[1] ; point de classe ou de corporation, mais seulement des individus ayant tous un vote d’égale valeur.

Les comices par tribus, qui n’étaient guère appelés dans l’origine qu’à prononcer sur des questions d’intérêt local ou à nommer des magistrats inférieurs, élevèrent chaque jour davantage leurs prétentions, et étendirent graduellement leurs prérogatives ; les curies tombèrent dans l’insignifiance. Elles autorisaient toujours les décisions ; mais leur sanction, dont on ne pouvait se passer, était donnée par elles avant que la loi fut votée. Les centuries elles-mêmes, cet autre privi-

  1. Cum ex generibus hominum suffragium feratur curiata comitia esse ; cum ex censu et ætate, centuriata ; cum ex regionibus et locis, tributa (Lælius felix ap. Gell, XV, 27,4.) Populus (pour plebs) … fuse in tribus convocatus. (Cic., de Legg., III, 19.)