Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/36

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blements au pied du mont Tarpéien, et inquiéter le peuple dominateur qui l’occupait.

Ni la république ni l’empire ne répudièrent cette affreuse prison. Jugurtha y mourut de faim ; Cicéron y fit étrangler les complices de Catilina, César mettre à mort son héroïque adversaire le Gaulois Vercingétorix. Plus tard, la prison d’Ancus reçut les chrétiens persécutés. Que de douleurs ont vues ces sombres murailles pendant dix siècles ! On lit sur le mur extérieur de la prison un fragment d’inscription qui fait allusion à une réparation de l’an 778. Tibère, sous lequel on répara la vieille prison, la destinait-il déjà à son favori Séjan ?

Heureusement le christianisme y a attaché de touchants souvenirs, car, chose remarquable, le plus ancien monument de l’histoire romaine est aussi le plus ancien monument de la tradition chrétienne à Rome. Suivant cette tradition, saint Pierre, enfermé dans la prison Mamertine, fit jaillir une eau limpide pour baptiser ses geôliers convertis. L’un d’eux était Processus (progrès), symbole fortuit, mais expressif du changement qui s’accomplissait. L’idée de la charité se faisait jour dans ces ténèbres où elle n’avait jamais pénétré. Aujourd’hui, au-dessus de la prison Mamertine est une petite église dédiée à saint Joseph, patron de l’humble corporation des charpentiers, san Giuseppe die falegnami. Le peuple a une grande dévotion à cette église ; je l’ai presque toujours vue remplie ; la foule