Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/398

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les supprime pas. Seulement, au lieu de se heurter avec plus de bruit et moins de péril dans un lit ouvert, ils montent silencieusement du fond de l’abime. Un jour, la glace, chose fragile, craque, et tout finit par la débâcle.

C’est au milieu des troubles qu’a grandi la liberté à Rome. Les agitations sont bonnes pour la liberté chez un peuple qui est assez fort pour les supporter.

Je crois même qu’elles lui sont nécessaires. La liberté est orageuse comme la vie. Contre les orages de la vie il y a un sûr asile : c’est le tombeau ; contre les orages de la liberté, il y a un refuge certain : c’est le despotisme, qui est aussi un tombeau.

Coriolan ne tarda pas à se faire remarquer dans ces luttes par son dédain et sa colère contre les plébéiens et contre le tribunat[1].

La culture des terres ayant été interrompue par la retraite des plébéiens sur le mont Sacré à l’époque de l’année où il aurait fallu les ensemencer, les édiles envoyèrent acheter du blé en Étrurie, dans le pays envahi

  1. Selon Plutarque et Denys d’Halicarnasse, un des motifs de l’irritation de Coriolan eût été l’échec par lui subi dans sa candidature pour le consulat ; mais, comme les consul étaient nommés par les centuries et non par les tribus, on ne voit pas comment il eut pu s’en prendre de cet échec aux plébéiens et aux tribuns ; ce qu’il détestait le plus, ce n’était pas la constitution de Servius, mais les lois du mont Sacré ; ce n’était pas le Champ de Mars, mais le Forum.