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bien, s’écrie Publilius Volero, puisque les tribuns aiment mieux laisser battre de verges un citoyen romain que de se faire tuer dans leur lit, j’en appelle au peuple. L’appel au peuple, qui au temps du vieil Horace était l’appel d’un patricien aux patriciens, est aujourd’hui l’appel d’un plébéien aux plébéiens[1]  » Alors Volero a recours à la force ; aidé de ceux qui ont répondu à sa voix, il repousse les licteurs, et se réfugie dans le groupe d’où s’élevaient le plus fort les cris d’indignation. Une foule compacte l’entoure et le protège. « A moi, crie-t-il, citoyens ! à moi, mes compagnons de guerre. » On accourt à ce cri et on se prépare au combat. Les licteurs sont maltraités, les faisceaux consulaires brisés, les consuls quittent le Forum et sont poussés dans la curie. Le sénat gémit, est furieux, mais il n’ose pas lutter contre la rage des plébéiens[2].

La première fois que les centuries s’assemblèrent dans le Champ de Mars, Volero fut nommé tribun. Sans se plaindre des patriciens, sans élever la voix contre les consuls, il demanda seulement que les tribuns et les édiles fussent nommés dans les comices par tribus. Ces comices ne s’étaient encore assemblés que pour juger Coriolan. Ce n’était pas leur droit. Volero voulut leur

  1. Tite Live (II, 53) dit seulement : Provoco ; il ajoute : et fidem plebis imploro. C’était la plebs qu’invoquait Volero, et ce fut la plebs qui l’entendit. Populus, à cette époque, désignait les curies et aussi les centuries, jamais les tribus.
  2. Adversus temeritatem plebis certari non placuit (Ibid.)