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Les Étrusques avaient déjà campé sur le Cælius et possédé le Capitole ; mais comment Rome tout entière, comment ses deux moitiés, la Rome latine et la Rome sabine, en vinrent-elles à reconnaître le pouvoir d’un chef étrusque ?

L’histoire ne nous le dit point, et nous ne pouvons que l’entrevoir.

Le dernier roi sabin avait cherché à gagner et à effrayer tour à tour la population latine qui lui était soumise ; mais il n’avait pu y réussir. Le sentiment de l’inégalité et de l’infériorité politique, la haine de race, avaient dû résister aux avances et aux menaces d’un maître qui était à la fois un étranger et un ennemi. La population latine préféra un autre étranger qui n’était pas un ennemi.

Dans cette population, les hommes du Palatin, — ils avaient été refoulés sur leur colline, mais n’avaient pas été vaincus, ce qui, malgré leur petit nombre, leur donnait un certain avantage, — les hommes du Palatin durent être à la tête du mouvement favorable au candidat nouveau ; ils favorisèrent en lui l’adversaire de leurs adversaires, le maître de leurs maîtres.

Eux n’avaient aucun candidat possible : on ne parle pas de la race de Romulus ; on ne dit pas même qu’il ait laissé une fille qui pût transporter sur la tête d’un gendre ce droit à l’élection qui, comme l’a remarqué Orioli, reparaît presque à chaque changement de règne depuis Numa jusqu’au dernier Tarquin.