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La colère des patriciens fut grande, celle des tribuns n’était pas moindre. Tout à coup on apprend que l’Arx Carventana a été reconquise par les Æques et que beaucoup de soldats ont péri ; les tribuns en profitèrent pour obtenir un compromis entre leurs prétentions et les résistances patriciennes[1] ; ils se désistèrent alors de leur opposition à l’enrôlement. Mais toutes ces aigreurs semblent avoir nui à l’énergie militaire ; les deux consuls parurent devant l’Arx Carventana et ne purent la prendre ; plus heureux à Verrugo, ils la prirent et l’occupèrent.

En même temps les patriciens remportaient à Rome une victoire politique ; bien que le peuple eut obtenu les comices qu’il désirait, les trois tribuns consulaires qu’il nomma furent patriciens ; on accusait, il est vrai, les patriciens d’une supercherie électorale : de mettre sur la liste des candidats plébéiens indignes, pour dégoûter des choix plébéiens.

De nouvelles irritations se manifestèrent à Rome au sujet de la nomination d’un dictateur qui déplut fort aux tribuns consulaires eux-mêmes et donna occasion aux tribuns du peuple de se réjouir des divisions patriciennes. Les chefs de l’aristocratie, pour vaincre la résistance des tribuns consulaires eurent même l’idée d’en appeler aux tribuns du peuple. Ces querelles absorbaient tous les esprits. Ce qui n’était pas bon, dit Tite Live, lorsqu’on avait une telle guerre sur les

  1. Tit. Liv., IV, 55.