Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/566

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mit la main sur cet homme en s’écriant « C’est en vain que cette main a délivré la citadelle et le temple de Jupiter, si je vois un citoyen romain, un compagnon d’armes réduit aux fers et a la servitude comme si les Gaulois l’avaient pris[1] ! » puis il acquita en présence du peuple la dette du prisonnier.

Il fit plus : il vendit des terres qu’il avait dans le territoire de Véies ; elles devaient, être la récompense de son courage et faisaient la, meilleure partie de son patrimoine. Tandis qu’on les mettait à l’encan dans le Forum : « Citoyens, dit-il, tant qu’il me restera quelque chose à vendre, je ne souffrirai pas qu’un seul de vous soit condamné et livré ! Tite Live ajoute à ces généreuses paroles d’autres paroles qui l’eussent été moins. Manlius accusa, dit-il, les patriciens d’avoir gardé pour eux l’or destiné à payer les Gaulois. Mais comme nous savons que cet or avait été bien réellement remis aux vainqueurs, nous devons voir dans cette calomnie prêtée à Manlius une calomnie des patriciens contre lui, que Tite Live, toujours disposé à prendre leur parti, a répétée.

Appelé par les patriciens, le dictateur Camille quitte l’armée et accourt au sénat ; bientôt il sort de la Curie, se faisant suivre de tous les sénateurs qui prennent place dans le Comitium ; il y descend lui-même et y établit son tribunal, devant lequel il cite Manlius. Celui-ci arrive, suivi d’une grande multitude qui

  1. Tit Liv., VI, 14