Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/81

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roi fut soupçonné de sa mort. Les fils d’Ancus, qui propageaient ce bruit, parurent dans le marché à la tête d’un grand nombre de clients. Ils n’étaient pas, comme les représente Denys d’Halicarnasse, des hommes habiles et bien parlants, faisant de belles harangues dans le Forum c’étaient de farouches chefs de clan descendus de leur montagne, où Ancus les avait relégués dès leur enfance, et venant exciter une plèbe superstitieuse et crédule. Ils l’excitèrent si bien, que, lorsque le vieux roi parut dans le marché, on lui cria qu’il était un impie, un sacrilège, et on voulut le chasser.

Tarquin fut obligé de se défendre ; il parvint à se disculper ; mais la vendetta était alors, à Rome, implacable comme aujourd’hui.

Les fils d’Ancus ne renoncèrent point à leur dessein et l’exécutèrent ainsi qu’il suit.

Ils apostèrent deux prétendus bûcherons qui, armés de leur serpe, vinrent sur le midi devant la maison du roi, située au sommet de la Velia, quartier des Sabins, où ceux-ci étaient en nombre ; et, comme chacun prétendait avoir à se plaindre de l’autre, ils commencèrent à se quereller et à se gourmer, demandant justice et criant beaucoup. Rien ne peint mieux qu’une pareille scène la physionomie encore agreste de Rome, même sous le premier roi étrusque. D’autres conspirateurs, déguisés en paysans, parlaient, les uns pour celui-ci, les autres pour celui-là, et augmentaient le tumulte.