Page:Anatole France - Balthasar.djvu/147

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un air de majesté charmante ; et les perles dont sa coiffure était brodée jetaient un éclat plein de douceur qui convenait à la figure et à l’âme de cette belle personne. Près d’elle, les cheveux flottants et l’œil vif, Georges avait tout à fait bonne mine. Abeille, qui chevauchait de l’autre côté, laissait voir un visage dont les couleurs tendres et pures étaient pour les yeux une délicieuse caresse ; mais rien n’était plus admirable que sa blonde chevelure, qui, ceinte d’un bandeau à trois fleurons d’or, se répandait sur ses épaules comme l’éclatant manteau de sa jeunesse et de sa beauté. Les bonnes gens disaient en la voyant : « Voilà une gentille demoiselle ! »

Le maître tailleur, le vieux Jean, prit son petit-fils Pierre dans ses bras pour lui montrer Abeille, et Pierre demanda si elle était vivante ou si elle n’était pas plutôt une image de cire. Il ne concevait pas qu’on pût être si blanche et si mignonne en appartenant à l’espèce dont il était lui-même, le petit Pierre, avec ses bonnes grosses joues hâlées et sa chemisette bise lacée dans le dos d’une rustique manière.

Tandis que la duchesse recevait les hommages avec bienveillance, les deux enfants lais -