Page:Anatole France - Balthasar.djvu/154

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enseigné qu’elle était grande ; mais comme dit Gertrude, notre gouvernante, il faut le voir pour le croire.

Ils firent le tour de la plate-forme.

— Vois une chose merveilleuse, petit frère, s’écria Abeille. Le château est situé au milieu de la terre et nous, qui sommes sur le donjon qui est au milieu du château, nous nous trouvons au milieu du monde. Ha ! ha ! ha !

En effet, l’horizon formait autour des enfants un cercle dont le donjon était le centre.

— Nous sommes au milieu du monde, ha ! ha ! ha ! répéta Georges.

Puis tous deux se mirent à songer.

— Quel malheur que le monde soit si grand ! dit Abeille : on peut s’y perdre et y être séparé de ses amis.

Georges haussa les épaules :

— Quel bonheur que le monde soit si grand ! on peut y chercher des aventures. Abeille, je veux, quand je serai grand, conquérir ces montagnes qui sont tout au bout de la terre. C’est là que se lève la lune ; je la saisirai au passage et je te la donnerai, mon Abeille.

— C’est cela ! dit Abeille ; tu me la donneras et je la mettrai dans mes cheveux.