Page:Anatole France - Balthasar.djvu/166

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soif. Mais hâtons-nous, car il me semble que le jour s’avance, quoique je ne sache pas l’heure.

— Les bergères la savent en regardant le soleil, dit Abeille ; mais je ne suis pas bergère. Il me semble pourtant que le soleil, qui était sur notre tête quand nous partîmes, est maintenant là-bas, loin derrière la ville et le château des Clarides. Il faudrait savoir s’il en est ainsi tous les jours et ce que cela signifie.

Tandis qu’ils observaient ainsi le soleil, un nuage de poussière se leva sur la route, et ils aperçurent des cavaliers qui s’avançaient à bride abattue et dont les armes brillaient. Les enfants eurent grand’peur et s’allèrent cacher dans les fourrés. Ce sont des voleurs ou plutôt des ogres, pensaient-ils. En réalité, c’étaient des gardes que la duchesse des Clarides avait envoyés à la recherche des deux petits aventureux.

Les deux petits aventureux trouvèrent dans le fourré un sentier étroit, qui n’était point un sentier d’amoureux, car on n’y pouvait marcher deux de front en se tenant par la main à la façon des fiancés. Aussi n’y trouvait-on point l’empreinte de pas humains. On y voyait seulement le creux laissé par une infinité de petits pieds fourchus.