Page:Anatole France - Balthasar.djvu/170

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feuillage. Une vapeur légère traînait mollement sur les eaux. Tout à coup la lune se montra entre les branches ; aussitôt les ondes furent jonchées d’étincelles.

Georges vit bien que ces lueurs qui éclairaient les eaux n’étaient pas toutes le reflet brisé de la lune, car il remarqua des flammes bleues qui s’avançaient en tournoyant avec des ondulations et des balancements comme si elles dansaient des rondes. Il reconnut bientôt que ces flammes tremblaient sur des fronts blancs, sur des fronts de femmes. En peu de temps, de belles têtes couronnées d’algues et de pétoncles, des épaules sur lesquelles se répandaient des chevelures vertes, des poitrines brillantes de perles, et d’où glissaient des voiles, s’élevèrent au-dessus des vagues. L’enfant reconnut les Ondines et voulut fuir. Mais déjà des bras pâles et froids l’avaient saisi et il était emporté, malgré ses efforts et ses cris, à travers les eaux, dans des galeries de cristal et de porphyre.