Page:Anatole France - Balthasar.djvu/199

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Nains n’eussent point à craindre de perdre une princesse si charmante ; Bob, monté sur son corbeau, emplissait l’air de cris si joyeux que l’oiseau noir, pris lui-même de gaieté, faisait entendre de petits croassements folâtres.

Seul, le roi Loc était triste.

Or, le trentième jour, ayant offert à la princesse et à tout le peuple des Nains un festin magnifique, il monta tout debout sur son fauteuil et, sa bonne figure étant ainsi haussée jusqu’à l’oreille d’Abeille :

— Ma princesse Abeille, lui dit-il, je vais vous faire une demande que vous pourrez accueillir ou repousser en toute liberté. Abeille des Clarides, princesse des Nains, voulez-vous être ma femme ?

Et, ce disant, le roi Loc, grave et tendre, avait la beauté pleine de douceur d’un caniche auguste. Abeille lui répondit en lui tirant la barbe :

— Petit roi Loc, je veux bien être ta femme pour rire ; mais je ne serai jamais ta femme pour de bon. Au moment où tu me demandes en mariage, tu me rappelles Francœur, qui, sur la terre, me contait, pour m’amuser, les choses les plus extravagantes.