Page:Anatole France - Balthasar.djvu/202

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Elle n’avait plus de plaisir à voir le roi Loc depuis qu’elle l’avait vu pleurer à cause d’elle. Mais elle l’aimait parce qu’il était bon et qu’il était malheureux.

Un jour (si l’on peut dire qu’il y a des jours dans l’empire des Nains), elle prit le roi Loc par la main et l’attira sous cette fissure du roc qui laissait passer un rayon du soleil dans lequel dansait une poussière dorée.

— Petit roi Loc, lui dit-elle, je souffre. Vous êtes roi, vous m’aimez et je souffre.

En entendant ces paroles de la jolie demoiselle, le roi Loc répondit :

— Je vous aime, Abeille des Clarides, princesse des Nains ; et c’est pourquoi je vous ai gardée dans ce monde, afin de vous enseigner nos secrets, qui sont plus grands et plus curieux que tout ce que vous pouviez apprendre sur la terre parmi les hommes, car les hommes sont moins habiles et moins savants que les Nains.

— Oui, dit Abeille, mais ils sont plus semblables à moi que les Nains ; c’est pourquoi je les aime mieux. Petit roi Loc, laissez-moi revoir ma mère, si vous ne voulez pas que je meure.

Le roi Loc s’éloigna sans répondre.