Page:Anatole France - Balthasar.djvu/208

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Abeille répondit :

— Petit roi Loc, je ne t’ai pas trompé à la table du festin. Je ne désirais pas alors épouser Georges de Blanchelande, et c’est aujourd’hui mon envie la plus chère qu’il me demande en mariage. Mais il ne me demandera pas, puisque je ne sais où il est et qu’il ne sait où me trouver. Et c’est pourquoi je pleure.

À ces mots, les musiciens s’arrêtèrent de jouer de leurs instruments ; les sauteurs interrompirent leurs sauts et restèrent immobiles sur la tête ou sur le derrière ; Tad et Dig répandirent des pleurs silencieux sur la manche d’Abeille ; le simple Pau laissa tomber la corbeille avec les grappes de raisins, et tous les petits hommes poussèrent des gémissements affreux.

Mais le roi des Nains, plus désolé qu’eux tous sous sa couronne aux fleurons étincelants, s’éloigna sans rien dire en laissant traîner derrière lui son manteau comme un torrent de pourpre.