Page:Anatole France - Balthasar.djvu/215

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ment qu’un miroir tout ce que le temps emporta dans sa fuite, car les Nains savent rappeler, du sein infini de l’éther jusque dans leurs cavernes, la lumière des anciens jours avec les formes et les couleurs des temps révolus. Ils se donnent le spectacle du passé en ressaisissant les gerbes lumineuses qui, s’étant un jour brisées contre des formes d’hommes, d’animaux, de plantes ou de rochers, rejaillissent à travers les siècles dans l’insondable éther.

Le vieux Nur excellait à découvrir les figures de l’antiquité et celles même, impossibles à concevoir, qui vécurent avant que la terre eût revêtu l’aspect que nous lui connaissons. Aussi ne fut-ce qu’un amusement pour lui de trouver Georges de Blanchelande.

Ayant regardé pendant moins d’une minute dans une lunette tout à fait simple, il dit au roi Loc :

— Roi Loc, celui que tu cherches est chez les Ondines, dans le manoir de cristal d’où l’on ne revient pas et dont les murs irisés confinent à ton royaume.

— Il y est ? Qu’il y reste ! s’écria le roi Loc en se frottant les mains. Je lui souhaite bien du plaisir.