Page:Anatole France - Balthasar.djvu/227

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scies, de pattes qui lui grimpaient jusqu’au cou, et d’yeux mornes dardés au bout de longues branches. Il gravit le flanc de la caverne en s’accrochant aux aspérités du roc, et les monstres cuirassés montaient avec lui, et il ne s’arrêta qu’après avoir reconnu au toucher une pierre qui faisait saillie au milieu de la voûte naturelle. Il toucha de son anneau magique cette pierre qui s’écroula tout à coup avec un horrible fracas, et aussitôt un flot de lumière répandit ses belles ondes dans la caverne et mit en fuite les bêtes nourries dans les ténèbres.

Le roi Loc, passant sa tête par l’ouverture d’où venait le jour, vit Georges de Blanchelande qui se lamentait dans sa prison de verre en songeant à Abeille et à la terre. Car le roi Loc avait accompli son voyage souterrain pour délivrer le captif des Ondines. Mais voyant cette grosse tête chevelue, sourcilleuse et barbue, le regarder du fond de l’entonnoir de cristal, Georges crut qu’un grand danger le menaçait et il chercha à son côté son épée, ne songeant plus qu’il l’avait brisée sur la poitrine de la femme aux yeux verts. Cependant le roi Loc le considérait avec curiosité.

— Peuh ! se dit-il, ce n’est qu’un enfant.