Page:Anatole France - Balthasar.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fleurir le courage, la modestie et la fidélité, comme les bons jardiniers font éclore les roses, les œillets et les pivoines.

À ces mots, les Nains poussèrent de grands cris, et, ne sachant s’ils devaient se plaindre ou se réjouir, ils étaient agités de sentiments contraires. Le roi Loc se tourna de nouveau vers les fiancés, et, leur montrant les buires, les hanaps, toute la belle orfèvrerie :

— Voilà, leur dit-il, les présents des Nains. Recevez-les, Abeille, ils vous rappelleront vos petits amis : cela est offert par eux et non par moi. Vous saurez tout à l’heure ce que je veux vous donner.

Il y eut un long silence. Le roi Loc contempla avec une expression magnifique de tendresse Abeille, dont la belle tête radieuse s’inclinait, couronnée de roses, sur l’épaule du fiancé.

Puis il reprit de la sorte :

— Mes enfants, ce n’est pas assez de s’aimer beaucoup ; il faut encore se bien aimer. Un grand amour est bon, sans doute ; un bel amour est meilleur. Que le vôtre ait autant de douceur que de force ; que rien n’y manque, pas même l’indulgence, et qu’il s’y mêle un