Page:Anatole France - Balthasar.djvu/76

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la connaissez, vous mon guide spirituel, l’unique directeur de ma conscience. D’ailleurs, j’ai hâte d’arriver à l’événement qui a bouleversé ma vie. L’année dernière, ma famille avait résolu de me marier et j’y avais moi-même consenti volontiers. La jeune fille qui m’était destinée présentait tous les avantages que recherchent d’ordinaire les parents. De plus, elle était jolie ; elle me plaisait, en sorte qu’au lieu d’un mariage de convenance, j’allais faire un mariage d’inclination. Ma demande fut agréée. On nous fiança. Le bonheur et le repos de ma vie semblaient assurés, quand je reçus une lettre de Paul d’Ervy qui, revenu de Constantinople, m’annonçait son arrivée à Paris et témoignait une grande envie de me voir. Je courus chez lui et lui annonçai mon mariage. Il me félicita cordialement.

» — Mon vieux frère, me dit-il, je me réjouis de ton bonheur.

» Je lui dis que je comptais qu’il serait mon témoin, il accepta bien volontiers. La date de mon mariage était fixée au 15 mai et il ne devait rejoindre son poste que dans les premiers jours de juin.

» — Voilà qui va bien, lui dis-je. Et toi ?…