Page:Anatole France - Filles et garçons.djvu/15

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Aussi a-t-elle revu la visite du médecin. Alfred est venu tâter le pouls de la poupée. C’est le médecin Tant-pis. Il ne parle que de couper les bras et les jambes Mais Germaine l’a tant prié, qu’il a consenti à guérir la poupée sans la mettre en morceaux. Il a seulement prescrit les tisanes les plus amères.

La maladie a du moins un avantage : elle nous fait connaître nos amis. Germaine sait maintenant qu’elle peut compter sur le bon Alfred. Elle sait aussi que sa sœur Lucie est la meilleure des sœurs.



Pendant les neuf jours qu’a duré la maladie Lucie est venue étudier ses leçons et coudre dans la chambre bleue. Elle veut apporter elle-même la tisane à la petite malade. Et ce n’est pas une tisane amère comme en ordonnait Alfred, non, c’est une boisson tout embaumée du parfum des fleurs sauvages.

Lorsqu’elle la respire, Catherine songe aux sentiers fleuris de la montagne, connus des enfants et des abeilles, où elle a tant joué l’an passé. Alfred aussi se rappelle ces beaux chemins, et les bois, et les sources, et les mulets qui montaient sur le bord des précipices avec un bruit de grelots.