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fut considérée par le parti Noir comme un exécrable attentat à la liberté. M. Waldeck-Rousseau l’avait présentée avec courage et soutenue avec talent devant les Chambres. Il restait à l’appliquer quand s’acheva la législature.

Pendant que les Chambres délibéraient, les religieux travaillaient, cette fois encore, à gagner le suffrage universel. On ne peut reprocher aux Jésuites d’y avoir mis trop de secret. L’un d’eux, le père Coubé, prononça, le 25 avril 1901, dans l’église de Lourdes, devant les zouaves de Patay, un discours dans lequel il en appela « au glaive électoral qui sépare les bons des méchants », invoqua Notre-Dame de Lourdes sous le nom de la « Vierge guerrière » et s’écria d’une voix martiale : « À la bataille sous le labarum du Sacré-Cœur ! Un labarum n’est pas un signe de paix, mais un signe de guerre. »

Ce discours fut imprimé sous le titre de Glaive électoral et répandu à des milliers d’exemplaires. Mais pourquoi parler de Lourdes et du père Coubé ? Dans tous les diocèses, les religieux prononcèrent des sermons politiques avec l’approbation des évêques concordataires. Et nous penserons comme M. Léon Chaine, catholique sage et solitaire, que de tels discours ont beaucoup aidé M. Waldeck-Rousseau à obtenir du Sénat le vote de la loi des associations[1].

Les élections de mai 1902 se firent sur cette loi. Il

  1. Léon Chaîne. — Les Catholiques français et leurs difficultés actuelles. 1903.