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Chambre, la démission du président de la République et la fin du régime tombé dans la boue. Elle était beaucoup plus violente que le Libéral et beaucoup plus écoutée. Car le Libéral tirait peu et mademoiselle Deniseau recevait toute la ville. Le clergé, la grosse propriété, la noblesse, la presse cléricale se penchaient sur elle et buvaient ses paroles. Sainte Radegonde ralliait les adversaires défaits de la République et rassemblait les « conservateurs ». Rassemblement inoffensif, mais importun. M. Worms-Clavelin craignait surtout qu’un journal de Paris n’ébruitât l’atffaire. « Elle prendrait alors, se disait-il, les proportions d’un scandale et m’exposerait aux réprimandes du ministre. » Il résolut de rechercher le moyen le plus doux de faire taire mademoiselle Deniseau et se fit renseigner d’abord sur la moralité des parents.

Sa famille paternelle n’était pas bien vue dans la ville. Les Deniseau étaient des gens