Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/194

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tenir couché sur le dos, jusqu’à ce que le bandagiste vous ait fabriqué une pelote d’après mes indications. Restez étendu, ou gare l’étranglement ! Et vous savez si c’est joyeux ! Sans compter qu’un jour ou l’autre vous en claquerez. C’est compris ?

» — Oui, monsieur.

» — Très bien.

» Je vais dans la cour me laver à la pompe. Vous concevez qu’après la manœuvre j’avais besoin de faire un bout de toilette ; je me mets nu jusqu’à la ceinture, et je me frotte au savon noir pendant un petit quart d’heure. Je me rhabille. Je bois un verre de vin blanc qu’on m’apporte dans le courtil. Je regarde le jour se lever tout gris, j’entends chanter l’alouette, et je rentre dans la chambre du malade. Il y faisait noir. Je crie dans la direction du lit : « Hein ? c’est compris ? Immobilité complète en attendant le nouveau bandage. Celui que vous avez ne vaut rien. Vous entendez ? » Pas de réponse. « Dor-