Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/212

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solitude aimable, sa femme et ses trois filles et sa vie étroite dans son étroit logis, jouissait, comme Ésope, de la liberté de son esprit et promenait, à l’aventure, son imagination critique parmi les vivants et les morts.

Cependant M. l’abbé Lantaigne, supérieur du grand séminaire, passait, son bréviaire à la main, par la grande allée du Mail. M. Bergenet se leva pour offrir au prêtre, sur le banc, la place à l’ombre. M. Lantaigne vint l’occuper sans hâte, avec cette dignité sacerdotale qui ne le quittait jamais et qui était chez lui la simplicité même. M. Bergeret s’assit près de lui à l’endroit où l’ombre tombait mêlée de lumière du bout éclairci des rameaux, en sorte que son vêtement noir se couvrit de disques d’or, et que sur ses prunelles éblouies ses paupières commencèrent de cligner.

Il complimenta M. l’abbé Lantaigne en ces termes :