Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/219

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et sa bonté ne lui épargna, dans le temps des rois, aucune souffrance. Mais, étant chrétienne alors, ses maux lui étaient utiles et précieux. Elle y reconnaissait le caractère auguste du châtiment. Elle en tirait des leçons, des mérites, le salut, la force et la gloire. Maintenant ses souffrances n’ont plus de sens pour elle ; elle ne les comprend ni ne les consent. En subissant l’épreuve, elle s’y refuse. Et l’insensée veut être heureuse ! C’est qu’en perdant la foi en Dieu, on perd avec l’idée de l’absolu l’intelligence du relatif et jusqu’au sentiment de l’histoire. Dieu seul forme la suite logique des événements humains, qui, sans lui, ne se succèdent plus d’une manière intelligible et concevable. Et depuis cent ans l’histoire de France est une énigme pour les Français. Pourtant il y eut de nos jours une heure solennelle d’attente et d’espoir.

» Le cavalier qui passe à l’heure marquée par Dieu et qui se nomme tour à tour Sal-