Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/228

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main. Pour moi, membre intime de cette illustre Église des Gaules, à l’exemple du plus grand des docteurs, suppliant Dieu d’écarter les Vandales, je mourrai en France prêtre et citoyen français.

Les ormes du Mail commençaient à verser leur ombre vers l’orient. Un souffle frais, venu d’un lointain orage, passa dans les feuilles. Tandis qu’une coccinelle cheminait sur la manche de sa redingote, M. Bergeret répondit sur le ton le plus affable à M. l’abbé Lantaigne :

— Monsieur l’abbé, vous venez de retracer, avec une éloquence qui ne subsiste plus que sur vos lèvres, les caractères du régime démocratique. Ce régime est, peu s’en faut, tel que vous le représentez. Et c’est encore celui que je préfère. Tous les liens y sont relâchés, ce qui affaiblit l’État, mais soulage les personnes, et procure une certaine facilité de vivre, et une liberté que détruisent malheureusement les tyrannies locales.