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rien dire deux vieillards pâles et lents. Devant ce banc, de vertes prairies descendaient, mollement, dans une brume fine, jusqu’aux peupliers qui bordaient la rivière.

— Monsieur l’abbé, dit le professeur, j’ai, comme tout le mondee, feuilleté à la bibliothèque municipale l’Hortus et le Thesaurus de Raimund le Grand. De plus, j’ai lu le livre tout récent que M. l’abbé Cazeaux a consacré au Docteur balsamique. Or, ce qui m’a frappé dans ce livre…

— L’abbé Cazeaux est un de mes élèves, interrompit M. Lantaigne. Son livre sur Raimund le Grand est nourri de faits, ce qui est méritoire ; il est fondé en doctrine, ce qui est plus louable encore et rare, car la doctrine se perd dans cette France déchue, qui fut la plus grande des nations tant qu’elle en fut la plus théologienne.

— Ce livre de Cazeaux, reprit M. Bergeret, m’a paru intéressant à plusieurs points de vue. Faute de connaissances en théologie,